Perpignan comme point d’entrée dans l’oeuvre de Claude Simon

J’ai ouvert Le Tramway pour la première fois en 2007 sans savoir que la ville avait inspiré Claude Simon. Ce fut très troublant de reconnaître dans les premières pages une ville, même jamais nommée, qui m’était familière et parfois les mots de ma grand-mère décrivant le Perpignan de sa jeunesse et le trajet du « tram » qui menait à la plage de Canet.

La même année, j’ai lu Le Vent et le trouble s’est amplifié car je connaissais très bien les lieux décrits. Ma curiosité pour le passé de la ville et pour la culture gitane (surtout la musique des groupes Tekameli et Kanele) me faisait arpenter depuis longtemps la vieille ville et le quartier Saint-Jacques. A cette connaissance historique s’ajoutaient mes souvenirs de Perpignanais et une mémoire plus ancienne racontée par les parents et aïeux et illustrée par les photographies et papiers de famille qui traversaient le XXe siècle.

Retrouver ainsi un décor intime et familier transposé dans la littérature, c’était une découverte excitante qui se doublait de la découverte d’un style puissant et envoûtant. Dès que j’en avais l’occasion, j’allais en ville, livre en main, pour relire Le Vent et l’annoter, truffant le roman de plans anciens, cherchant à identifier les lieux, menant l’enquête, marchant dans les pas de Montès. J’ai fait le même travail pour L’Acacia avec autant de passion.

Il n’est bien sûr pas nécessaire d’être de Perpignan pour comprendre Claude Simon : l’auteur a fait en sorte que chacun trouve résonance dans son œuvre, mais cette géographie intime partagée a ajouté une dimension à la lecture car elle touchait quelque chose d’originel. Ce fut une belle porte d’entrée vers une œuvre immense et complexe que je n’ai jamais cessé d’apprécier depuis.

Retrouvez cet article sur le site de l’Association des lecteurs de Claude Simon : http://associationclaudesimon.org/lecteurs/la-premiere-fois/article/etienne-rouzies

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édition annotée du Vent

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