Elles étaient deux
l’une rue
l’autre rive
liées par un chemin vert.
Deux lignes blanches
qui me tiraient à elles.
La rue parla la première
et j’écoutai son chant
dans les vapeurs d’encens de son antre à deux voies.
et j’écoutai son chant
dans les vapeurs d’encens de son antre à deux voies.
La rive avait tissé un tapis vers la rivière.
Quand j’eus glissé sur lui, elle me laissa dans le lit,
Sous de hauts murs de scène noirs.
Sous de hauts murs de scène noirs.
Là, sous mes pieds, je vis la pierre ouvrir un œil perçant.
Le Riu Fluvià avait la pupille glacée d’un dragon.
Le Riu Fluvià avait la pupille glacée d’un dragon.
Son souffle m’enveloppa au dessus de l’eau
et ses dents acérées rirent dans la cascade.
Tout royaume a son gardien.
Et celui-ci avait la bienveillance des chimères oubliées.
et ses dents acérées rirent dans la cascade.
Tout royaume a son gardien.
Et celui-ci avait la bienveillance des chimères oubliées.
La paupière se referma.
La rive me reprit et me porta loin.
Elle me montra des sentiers battus
et d’autres connus des seules ronces.
Elle me montra les dessins que faisaient dans la glace les feuilles et les bulles d’eau.
Elle me montra des sentiers battus
et d’autres connus des seules ronces.
Elle me montra les dessins que faisaient dans la glace les feuilles et les bulles d’eau.
Elle me fit caresser la chair poreuse et noire de la pierre de volcan.
Elle me fit lire la langue perdue qu’un animal avait tracée dans la terre.
Elle me fit effleurer une mandragore pendue à un arbre.
Je volais au dessus de jardins caravelles,
jardins blasons
jardins aux piquets de couleurs
jardins poissons sur lesquels le vent avait jeté ses filets.
Je vis les chaises des trois Parques.
Le repère des Erynies qui criaient justice.
Et j’eus peur pour Oreste qui tournait en rond autour d’un mas hanté de dessins obscènes.
Je fus ainsi ballotté longtemps sans sentir ni le froid ni la faim.
Et puis vint une plage oubliée
où parurent dans le sable des centaines de tessons polis et multicolores.
où parurent dans le sable des centaines de tessons polis et multicolores.
Je les ramassai dans la joie, bercé par le battement irrégulier du cœur de l’eau.
Après la collecte, la rive me confia au squelette bleu d’un immeuble inachevé
et je revis, sous l’oeil blafard des lampadaires, le Puigsacalm qui se figeait dans la nuit.
[Ce texte appartient à la série La rue où Google s’est arrêté initiée à Olot à la Faber Residency en janvier 2017]